Freeing HK : le «  Prison Break » made in China

25 Février 2013



Les groupes de joueurs, menottés et les yeux bandés, sont enfermés dans une salle obscure pendant 45min. L'objectif ? S'évader. L'occasion pour ces jeunes de fuir un stress quotidien.


Freeing HK : le «  Prison Break » made in China
Les mains menottées, les yeux bandés, il leur reste tout juste 45 petites minutes pour s'évader d'une pièce plongée dans l'obscurité. Loin des karaokés et des séances de cinéma, c'est le nouveau concept du jeu « Freeing HK » (« S'échapper de Hong Kong »). Trois pièces sont proposées aux groupes de joueurs : « Prison Break », « Lost » ou « Dr Alpha ». Chacune a son propre scénario. Avec en arrière fond le tic-tac angoissant d'une horloge, les joueurs doivent maintenant résoudre des énigmes, déchiffrer un code, chercher des indices, se glisser à travers un labyrinthe de rayons lasers pour vaincre le contre-la-montre. Un concurrent sur cinq seulement y parvient. C'est au quatrième étage d'un immeuble de Mongkok, quartier des plus animés de la ville, que les jeunes s'amusent à s'évader, mais pas seulement de cette pièce, plutôt d'un quotidien stressant, des études, voire du travail. Du moins, c'est l'avis d'Amy Chow, 21 ans, qui déclare fuir ainsi «  la vie stressante de Hong Kong ». « Un défi excitant », importé du Japon, pour lequel il faut tout de même réserver une semaine à l'avance.

« Hong Kong, la ville la plus stressée d'Asie »

Le concept a réussi à séduire la ville de Hong Kong, et sa réputation de ville stressée, et stressante, y est pour beaucoup. Les jeunes ont du mal à se détacher des angoisses scolaires ou professionnelles. L'idée s'écarte des jeux vidéos, et en tant qu'expérience réelle, parvient à réunir les jeunes, qui délaissent alors leurs consoles ou ordinateurs. Selon le créateur Instant Wan, Hong Kong demeure « la ville la plus stressée d'Asie. » « La journée de travail est longue, les gens parlent tout le temps d'argent, et il n'y a que peu de loisirs : le karaoké et le cinéma. »
Ce jeu vient s'ajouter à diverses opérations qu'a déjà organisé le pays pour lutter contre le stress. En 2011, la Chine organisait une gigantesque bataille d'oreillers pour évacuer l'angoisse des jeunes. Ainsi, des centaines de personnes se réunissaient à Shangai pour se livrer à un combat de polochons dans les rues de la ville. En 2009, une étude a même prouvé que le niveau de stress des Chinois augmentait plus vite que la croissance. Elle prouve que 86% des Chinois se disent plus stressés que deux ans auparavant, contre 55% en France. Ce phénomène serait dû à la crise, mais surtout aux longues journées de travail imposées par les patrons en Chine.

Quatre tentatives de suicide par minute

Le nombre de suicides en Chine égalerait le quart des suicides répertoriés dans le monde chaque année, soit 250 000 personnes. A noter que, tous les ans, deux millions de Chinois essaieraient de mettre fin à leurs jours, soit environ 4 tentatives par minute. Le suicide reste la première cause de décès chez les jeunes de 15 à 34 ans. En décembre 2012, le Centre d'éducation de la vie et d'intervention des crises a lancé le premier centre d'appel en service 24h/24 de Shangai, pour les personnes dans le besoin. Résultat : 632 appels en un mois, et 20% des interlocuteurs nécessitaient une intervention urgente. Lin, employé dans le centre, explique que « les jeunes vivant en Chine continentale sont confrontés à des situations de stress importantes, mais ils ont peu d'endroits où ils peuvent parler librement à quelqu'un et confier leurs problèmes. »
Mais le suicide n'affecte pas seulement les jeunes. La Chine représente aussi le troisième taux de suicide le plus élevé chez les seniors dans le monde. Pour lutter contre ce phénomène, un amendement des plus originales a été approuvé par le Congrès national : « Les membres de la famille qui vivent séparés de leurs aînés doivent leur rendre de fréquentes visites » . Après 30 ans d'application de la politique de l'enfant unique, la Chine doit maintenant se tourner vers les plus vieux et prendre soin d'eux.


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Clara Mazuir
Rédactrice pour Le Journal International, étudiante en 3ème année de journalisme à l'ISCPA. En savoir plus sur cet auteur